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LA MORT DE JAURÈS


I



J’ai vu ce mort puissant le soir d’un jour d’été.
Un lit, un corps sans souffle, une table à côté :
La force qui dormait près de la pauvreté !
J’ai vu ce mort auguste et sa chambre économe,
La chambre s’emplissait du silence de l’homme.
L’atmosphère songeuse entourait de respect
Ce dormeur grave en qui s’engloutissait la paix ;
Il ne semblait pas mort, mais sa face paisible
S’entretenait avec les choses invisibles.
Le jour d’été venait contempler ce néant
Comme l’immense azur recouvre l’océan.
On restait, fasciné, près du lit mortuaire
Écoutant cette voix effrayante se taire.
L’on songeait à cette âme, à l’avenir, au sort.
— Par l’étroit escalier de la maison modeste,