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L’AMOUR NE LAISSE PAS…


L’amour ne laisse pas que longtemps on l’oublie,
Au front qui fut distrait il met un joug plus dur,
Il gît au fond des corps comme au fond de l’azur,
Ainsi qu’une suave et persistante lie.

Quand dans les jours parfaits des étés somptueux
On croit pouvoir sans lui connaître l’allégresse,
Il trouble notre joie ou bien notre paresse
Par un doute rêveur, sagace et langoureux.

— Vous avais-je oublié, avais-je, folle, et triste,
Un instant échappé à vos constantes lois,
Inexorable Amour ? Avais-je dit : J’existe,
Je respire, je suis, je réfléchis, je vois,