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LES MORTS POUR LA PATRIE



Les morts pour la Patrie ont la gloire plénière.
Ce long halètement des cœurs vers la lumière,
Où le génie humain épuise son effort,
Ceux-là n’en ont pas eu besoin : ils sont bien morts :
D’un coup ils ont rejoint l’éternité des siècles ;
Artisans du futur, ils ont près d’eux les aigles
Et la colombe avec l’olivier en son bec.
Us dorment sous la vaste épitaphe des Grecs
Dont le monde à jamais s’enooblit et s’étonne :
« Passant, regarde, et va dire à Lacédémone… »
Ces mots-là sont plus beaux qu’avoir vingt ans encor.
Nul ne mourra jamais aussi bien qu’ils sont morts.
L’ode, la symphonie et les nobles musées
Ne peuvent égaler ces âmes amusées
À jeter, comme un blé débordant le semeur,
Les astres qu’un héros lance aux cieux quand il meurt.