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LE CHANT DE PRAXÔ



Je t’aime. J’ai trouvé le repos sur ton cœur ;
Je t’aime et je te crois. Je n’étais pas heureuse,
J’interrogeais en vain la nue immense et creuse ;
Tu me suffis. Je suis ton épouse et ta sœur.

Je t’ai longtemps cherché. Les astres magnétiques,
Le chant des flûtes, l’air, le bruit mouillé des flots,
Promettaient à mon cœur, soulevé de sanglots,
Ton ardeur, à la fois tutélaire et panique !

D’où viens-je ? L’univers n’a jamais délié
Le nœud qui me retient unie au paysage.
Je suis moi-même azur, astre, torrent, feuillage,
Mais cette parenté j’ai voulu l’oublier.