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IL N’EST PAS UN INSTANT…


Il n’est pas un instant où près de toi couchée
Dans la tombe ouverte d’un lit,
Je n’évoque le jour où ton âme arrachée
Livrera ton corps à l’oubli.

Se peut-il que se rompe une veine qui porte
Un même sang parmi deux corps,
Et que l’un des deux reste au moment que la porte
Se ferme sur celui qui sort ?

Qu’advient-il de celui que le destin néglige,
De celui qu’on nomme vivant ?
Attend-il que la plaie à son côté se fige ?
De quel fiel va-t-il s’abreuvant ?