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NON, L’UNIVERS N’EST PAS…


Non, l’univers n’est pas qu’un astre âpre et maudit ;
Âme religieuse, il est des paradis.
Ne cherche pas trop loin ces conquêtes célestes,
Entre dans un jardin.
Entre dans un jardin. Le vent soyeux et leste
Se heurte en clapotant aux buissons luxueux.
— Suave hilarité du visage des dieux,
L’azur, émerveillé de lui-même, s’étonne !
Il exulte ! Les fleurs semblent être en cretonne
Tant leur tissu mielleux est naïf et pimpant-Un
plaisir sans déclin est partout en suspens.
Vois, contre l’ancolie obstinée et peureuse,
Voler et se buter l’abeille argumenteuse
Qui rompt, avec son bruit de grêlon et de vent,
La délicate paix des calices rêvant.
Sur la verte pelouse, où le soleil trépigne,
Un merle maladroit happe l’air et le mord ;