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SI NOUS VIVIONS UN JOUR…

De mon bel univers qui n’avait que mon âge
Quand je l’ai fait jaillir, romanesque et naissant,
De la présomption de mon jeune courage
Et de la chaleur de mon sang !

— Ah ! comment saurais-tu, sombre joueur de viole,
Orage de minuit à des orgues pareil,
Ce qu’est le flamboiement d’une âme qui s’envole
Piller les vergers du soleil ?

Comment comprendrais-tu, forêt du nord qui laisses
La lune romantique en toi sonner du cor,
Une fille d’Atlas qui soulève et caresse
L’univers lié à son corps ?

Tu ne sauras jamais ce qu’est mon clair mystère :
Ce sublime remous de courage et d’azur !
Mais comme nous serions ensemble solitaires,
Tout me serait bon, net et sûr.

Et tandis que, le front courbé sur ta personne,
Je grouperais en toi tout ce que j’ai cherché,
Par la fenêtre ouverte où le lierre frissonne,
Je verrais les astres penchés,