Page:Noailles - Les Forces éternelles, 1920.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE NOBLE ÉTHER DES NUITS…


Le noble éther des nuits, mon amour, condescend
À courber sur nous deux sa bonté qui se pâme ;
Nous rêvons, et pourtant ce n’est pas innocent,
Sans nous voir nous tremblons de nous sentir présents.
Tant la volupté vient de l’âme !

Toi prudent, moi gonflée d’un éclatant amour
Que la divine paix de t’approcher modère.
Nous regardons la sombre et ductile atmosphère
Où les astres brillants sont des fragments de jour,
J’écoute nos deux voix se taire tour à tour,
Comme on se tait quand on espère.

Le vent fait crépiter un arbre vert et brun.
— Comme le blé léger rompu par la faucille.
Mes refus, dans tes bras, se défont un à un,
Il ne reste de moi, tant mon être vacille.
Que ce qui reste encor de l’encens qui grésille
Entre la flamme et le parfum !