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LE SILENCE

Colonne de douceur, indiscernable trombe
Faite d’àme rêveuse et d’invisible azur !…

. . . . . . . . . . . . . . .


— Et je vous dis cela, cette nuit, mon ami,
Car, lasse de bénir les lourds trésors du monde
Sur votre chère épaule où je dors à demi,
J’écoute le silence, onduleux comme l’onde.
Oui, le silence est frais ainsi que l’eau qu’on boit,
Il est prudent et fier comme un faon dans les bois,
Il paraît s’assoupir et cependant il danse !
Et j’observe, l’esprit tendu comme un chasseur,
— Tandis que je languis d’amour sur votre cœur
Dont j’entends en pleurant les mortelles cadences —
La course illimitée et pure du silence !