Crois-tu, me promets-tu, c’est là l’essentiel,
Que nos sanglots mêlés captureront le ciel.
Que nous pourrons vraiment épuiser en nous-mêmes
Cet infini désir qui, sans répit, essaime
Et peuple l’univers d’un mirage divin ?
Je voudrais croire en Dieu pour que rien ne soit vain
De ces moments où l’àme intolérante et pure
Subit en combattant notre heureuse torture…
Mais, hélas, l’excessif plaisir qui nous lia
N’a pas pu entraîner dans son suave gouffre
Le charmant et cruel univers dont je souffre.
Demain je reverrai le frais magnolia
Vernissé du jardin. Sa large fleur pâmée.
Succulent arsenal de rêve sensuel,
Élancera vers moi, d’un trait torrentiel,
Son rapide parfum d’eau courante embaumée ;
L’hirondelle au long vol, bohémienne des airs,
Jettera sur le soir ses volantes caresses
Qui semblent déchirer le bleuâtre désert
Où le prodigue oiseau se dépense et se blesse.
Puis je verrai l’étoile attentive du soir,
Doux regard vigilant de la nuit sérieuse,
J’entendrai se glisser le vent peureux et noir
Dans les pipeaux fleuris des grasses tubéreuses ;
Je verrai cet aspect puissant, continuel,
Paisible, qu’a, la nuit, le visage du ciel.