Page:Noailles - Les Forces éternelles, 1920.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

IL PLEUT. LE CIEL EST NOIR…


Il pleut. Le ciel est noir. J’entends
Des gouttes d’eau qui, sursautant,
Font un bruit de pattes et d’ailes
De maladroites sauterelles.
Le vent, gluant de nuit et d’eau,
Met sur mon front comme un bandeau
Trempé dans l’odeur de l’espace…
— Je suis bien ce soir avec vous,
Jardin apaisé tout à coup
Par la pluie qui tombe et se casse
Sur le feuillage et le gazon !
Les odeurs que l’onde libère
Semblent s’évader de prison
Et flotter, légères galères,
Sur tous les vents de l’horizon…
— Ô pluie aimable à la raison,