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FERME TES NOBLES YEUX…


Ferme tes nobles yeux avant que l’âge ait mis
Sur leurs feux verdoyants sa méprisable usure,
Fier être à qui tout fut dévolu ou promis,
Et qui pris en pitié les destins endormis,
Va-t’en d’un ferme cœur et d’une marche sûre.
Se pourrait-il qu’on vît, si tu vivais trop tard,
Au fond de ta prunelle orgueilleuse et sensible,
Ô toi, dont le bel œil prit le soleil pour cible,
La triste ingénuité qui luit dans le regard
Des vieilles gens doux et risibles ?

— Ô beaux yeux turbulents, possesseurs conscients
Du vertige sacré que le regard propage,
Vous dont l’un était ivre et dont l’autre était sage,
L’un tout impétueux, l’autre tout patient,