« Je t’accueillais parmi mes forces végétales
« Pour mieux te proposer l’angoisse et l’infini,
« Et pour que pénétrât dans tes brûlantes moelles
« L’odeur d’un univers qui ne peut t’être uni.
« Je te disais : Voici, qui jamais ne se donne,
« Mon provocant azur, scintillant de moiteur,
« Voici ma nuit avec ses grands soupirs d’odeur,
« Et mon ciel effrayant dont tout regard s’étonne !
« Voici mon vaste ciel, dont l’irritant éclat
« Arrache un cri d’ivresse aux cervelles humaines ;
« Voilà tout mon terrestre et céleste domaine,
« Chère âme, pille-le ! — Je te disais cela
« Afin que, ne pouvant t’emparer des étoiles,
« Ni tarir mes parfums humides et gisants,
« Tu sentisses l’ardeur triste et sentimentale
« Diriger tes soupirs vers un sein languissant.
« Je suis ce qui désire, et je suis ce qui tue.
« Mon cœur, plus que le flux et le reflux, actif,
» Ne peut s’intéresser qu'à ce qui perpétue.
« Je dédaigne en riant un front grave et pensif. »