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LA GRÈCE, MA TERRE MATERNELLE


Enfance du bonheur, prime élan de la grâce,
Commencement du Vrai, achèvement du Beau,
Calme maturité qui ne sembles pas lasse
Quand tu descends dans le tombeau,

Tu sus vaincre le temps, même tes léthargies
Enivraient les humains qui venaient t’épier,
Ils t’appelaient Raison, Démos, Cora, Hygie,
Et courbaient leur front sur tes pieds.

Prêtresse solennelle ou danseuse rusée.
Tu te mouvais au gré d’un songe musical.
— Ô peuple de la vie, ô peuple des musées,
Écoute mon chant filial !

Tu le vois, un épais et suffocant nuage,
Plus lourd que les soldats de Xerxès, est venu
Comme un vol de hérons sur toi, et ton visage
Est voilé par ces inconnus ;

Du Nord, où la mer froide au sapin lourd de brume
Conte un lied enfantin dont riraient tes bergers,
Il est venu, lancé par le canon qui fume,
Le souffle de ces étrangers !