Page:Noailles - Les Forces éternelles, 1920.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SALUTATION



Le vent matutinal, des coteaux à la rive
Bondit comme un troupeau d’agneaux qu’on délia.
Du balcon brasillant, suave perspective,
Le lac semble porté par les magnolias
Tant l’azur satiné se mélange à leurs branches ;
Et ce long flot soyeux tout uniment s’épanche
Dans les arbres charnus. Les oiseaux submergés
Se baignent dans les airs et paraissent nager.
Quelle amitié rêveuse et nostalgique lie
Cette franche Savoie à l’ardente Italie ?
— Je pense à sainte Claire, à Jeanne de Chantal,
Et, dans ce gai septembre où l’air est de cristal,
Où les parfums ainsi que les rumeurs s’aiguisent,
J’entends sur le coteau, liquides et précises,
Les cloches des troupeaux tinter limpidement.
Et c’est, dans l’herbe verte où scintille l’église,
Comme un humble angélus offert pieusement
Par saint François de Sale à saint François d’Assise…