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ODE À UN COTEAU DE SAVOIE

Toi, laborieux autant
Qu’un moulin qui, tout le temps,
Fait mouvoir sa forte roue,
Toi qui travailles et joues,
Ne devrais-je pas aussi
Plier parfois mon souci
À des tâches coutumières ?
Mais, cher coteau, je ne puis !
Il faut à mon âme fière
Tout l’univers pour appui !
Non, je ne suis pas modeste,
Je n’ai pas d’humble devoir,
Tous mes rêves, tous mes gestes
Ont les matins et les soirs
Pour témoins sûrs et célestes !
— Que veux-tu, j’ai, tout enfant.
Dans le soleil et le vent,
Gravi un secret chemin,
Où ne passe nul humain ;
Un chemin où nul ne passe.
Car il n’a, en plein espace.
Ni bornes, ni garde-fou,
Ni discernable milieu.
Ceux qui franchissent ces lieux
Rendent les humains jaloux !
L’on subit grande torture
Sur ces sommets de Nature !