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TOUT NOUS FUIT…


Tout nous fuit, l’homme meurt, les âmes ont des ailes ;
Ainsi qu’une fumée active à l’horizon
Le souffle bondit hors des charnelles prisons ;
Aux terrestres désirs l’être n’est plus fidèle !
Se peut-il ? Respirer semble une trahison !
La vie a pour soi-même une haine mortelle.
— Reverrons-nous un jour une heureuse saison,
Avec son déploiement de minces hirondelles
Et son ciel bleu versé sur les toits des maisons ?
Reverrons-nous, avec de limpides prunelles.
L’étoile qui s’entr’ouvre à la chute du jour,
Dans le soir sensitif et pareil à l’amour ?
Percevrons-nous avec une oreille paisible
Le vaporeux tissu du doux chant des oiseaux
Étincelant ainsi qu’un rayon invisible,
Et la Nuit naviguant sur le calme des eaux ?