Page:Noailles - Les Forces éternelles, 1920.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
LA NAISSANCE DU PRINTEMPS


Voilà donc ton miracle, enjôleuse Nature !
Tu reprends tes enfants grandis.
Et tu mets ces déçus, ces humaines usures,
Dans ton neuf et vert paradis !

Ils revoient aussitôt cet avenir sans terme
Par quoi l’enfant est exhorté ;
Leur espoir se rallie aux innombrables germes
De la verte nativité !

Ils retrouvent, parmi ces arômes précoces
De la saison qui contient tout.
Leur cœur jeune et puissant, gonflé comme une cosse
Que forcent les grains durs et doux.

Ils se disent : C’est nous que le futur escompte,
Qu’importent nos languissements !
Même quand nous flânons, notre route qui monte
Aboutit au bleu firmament !

Ils se disent : Les maux insignes, l’infortune
Sont pour d’autres, mais non pour nous :
La foudre perd son dard, la haine sa rancune
Dès qu’elles touchent nos genoux.