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MATIN DE PRINTEMPS



La pluie, enveloppante, ombrage
L’espace, les bois, la prairie,
Et forme sur le paysage
Une cage en verroterie.
C’est la pluie allègre d’avril,
Elle est mince, dansante et lâche
Comme des perles sur un fil.
Elle est joyeuse ! C’est sa tâche
De descendre en jets allongés,
De se glisser, de se loger
Dans les fentes et les entailles
Des bourgeons aux vertes écailles,
Acérés comme un dur métal.
— Soudain la voici qui s’arrête
Et qui suspend ses gouttelettes
Comme une glycine en cristal.