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ÉTRANGER QUI VIENDRAS…


Ah ! je me souviens bien des bondissants effluves
De ce doux monde familier :
Odeur de plumes, d’eau, de fourrures, d’étuve,
De poussins tièdes et mouillés !

À présent, quitte-moi. Étranger, je m’incline :
Tu ne peux pas toujours surseoir.
Sans doute tu t’en vas à la ville voisine
Pour prendre ton repas du soir.

Pousse la porte en bois du couvent des Clarisses,
C’est un balsamique relais,
La chapelle se baigne aux liquides délices
De vitraux bleus et violets.

Peut-être a-t-on mis là, comme je le souhaite,
Mon cœur qui doit tout à ces lieux,
À ces rives, ces prés, ces azurs qui m’ont faite
Une humaine pareille aux dieux !

S’il ne repose pas dans la blanche chapelle,
Il est sur le coteau charmant
Qu’ombragent les noyers penchants de Nouvecelle,
Demain montes-y lentement.