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LA DOUCEUR DU MATIN


Ni l’eau ni les regards n’ont ta pâleur divine,
Beau ciel d’avant midi,
Où l’oiseau délicat élève, étend, incline
Son doux corps attiédi.

Tu sembles un jardin de pervenches voilées
A leur premier matin,
Comblant l’aérienne et luisante vallée
De leur rêve enfantin.

Les arbres, aujourd’hui, sous le soleil d’onze heures
Brillent comme des prés.
On voit luire au vitrail des heureuses demeures
Leurs songes azurés.

Tout un vif mouvement mène la Terre ronde,
Les lumineux coteaux
Sont des vagues d’argent qui veulent sur le monde
Jeter leurs belles eaux.