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COMMENCEMENTS


Je songe quelquefois à mon commencement ;
L’azur venait d’éclore
Et déjà je vivais, avec un cœur charmant,
Éparse dans l’aurore.

Je suis comme le temps, ma vie est faite avec
La matière du monde,
Je fus avant l’immense Égypte, avant les Grecs,
Aux premiers jours de l’onde ;

J’ai dû naître sur l’eau, dans un matin puissant,
Sous la luisante écume,
Quand l’Univers était un volcan plein d’encens,
Un mot azur qui fume.

Je crois me souvenir de ce matin où vint
Sur mes lèvres mouillées
Se poser à jamais le lyrisme divin
Aux ailes éployées.