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C’EST VRAI,
JE ME SUIS BEAUCOUP PLAINTE…


C’est vrai, je me suis beaucoup plainte
De l’amer bonheur de mes jours,
Des étés avec la jacinthe
Qui me brisaient le cœur d’amour.

Je me suis plainte, âpre et pâlie,
De l’univers étincelant,
Et de cette mélancolie
Qui tombe, au soir, d’un rosier blanc.

Je me suis plainte et désolée
De n’avoir aimé qu’en pleurant
La chaude torpeur de l’allée
Où des groseillers sont en rangs.

De ne m’être assise qu’émue
Aux chaises de fer des jardins,
À l’heure où la feuille remue
Son ombre sur les cailloux fins,