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LA TORTURE


« Vous ne chercheriez pas, ô mortels impuissants,
À dévorer le vague empire de vos âmes,
À mêler vos regards, giclant comme du sang,
Et d’un goût si cruel que tous les nerfs se pâment.

« Mais les baisers joyeux qu’Aphrodite enseigna
Ne sont plus rien pour vous, voluptueux du crime,
Il vous faut les sanglots du lent assassinat,
Le plaisir qui châtie et froisse sa victime,

« Il vous faut le danger, la détrese, l’effroi,
La lutte, la stupeur que l’ivresse accompagne,
Et que le cœur vaincu ait dans son gouffre étroit
Plus de couteaux plantés que les taureaux d’Espagne ! »