Page:Noailles - Les Éblouissements, 1907.djvu/348

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LES MAINS



Mes mains ont la douceur, la tiédeur et l’éclat
Des sources blanches sous les fraises ;
Elles sont quelquefois comme un bol délicat
En porcelaine japonaise.

Pour avoir tant touché les plantes des forêts
Avec des caresses légères,
Elles ont conservé dans leurs dessins secrets
Le corps des petites fougères.

– Mes mains, pour le plaisir qu’avec vous je cherchais
En vous enfonçant dans des roses,
Vous êtes tous les jours comme deux beaux sachets
Où l’odeur du monde repose.

Mais pour les durs tourments que vous avez connus
En vous appuyant sur ma tête,
Les soirs où notre cœur était saignant et nu
Ah ! quelle peine vous me faites !