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PARFUMS DANS L’OMBRE

Toutes les barques d’Orient
Pleines de roses et d’épices,
Dans l’air suave, ardent et lisse,
Font un sillage moins criant

Que ne fait sur la douce allée
L’arome du penchant lilas,
Et que ne fait dans le soir las
Une âme toujours désolée !

– Ces frissons mous, ces pleurs déments,
Ces jets de soupir et de rêve,
Ce tendre cœur des fleurs, qui crève,
Ces bienheureux titubements,

Ces lacs d’odeur dans les branchages,
Et cette belle humilité
Du soir, molli de volupté,
Qui veut qu’on l’use et le saccage,

Étés ! vous les verrez encor.
Vous en qui l’infini respire,
Mais moi ! qui dira mon délire
Le jour où mon corps sera mort ?…