Page:Noailles - Les Éblouissements, 1907.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
MIDI PAISIBLE


Repos dans la nature ardente ! Les demeures
Ont laissé retomber les doux stores d’osier ;
Rien ne bouge, on dirait que des insectes meurent
Entre le sable chaud et l’ombre des rosiers.

On n’a pas de regrets, pas de désirs, pas d’âge,
Il semble que l’on soit un enfant libre et pur
Qui, renversant les bras, s’étend sur le rivage
Que la pelouse fait au bord du ciel d’azur.

Tout est si bon, si lent, si soumis, si paisible,
Et pourtant c’est un mol, un obsédant souci.
Longue paix, dont soudain s’enflamme un cœur sensible ;
Mon Dieu, mon Dieu ! la paix touche au délire aussi…