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LA MUSIQUE PASSIONNÉE


S’il y avait un paradis,
Vous n’y seriez pas, ô Cécile,
Mais, chez les damnés, les maudits,
Chez ceux qu’un grand désir exile,

Chez ces brûlants agonisants
Dont l’âme est rouge et pantelante,
Dans l’enfer d’amour et de sang,
Vous rôderiez, sainte bacchante !

Chez eux vous tourneriez en rond,
Vous logeriez chez ces malades,
Et vous leur baiseriez le front,
Ô donneuse de sérénades !

Loin de la calme Trinité,
À ces bouches pleines de soufre,
Vous verseriez la volupté
D’un chant qui jouit et qui souffre.