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LE JEUNE MATIN


Et les arbres semblent plus frais
Qu’une fontaine jeune et verte
Dont le jet joyeux monterait
Jusqu’au fond de l’azur inerte !

Mon cœur, mes doigts, mes yeux profonds
S’entr’ouvrent comme des pétales,
Je suis la tulipe qui fond
Sous la lumière orientale.

Je suis le lilas abrité
Dans le bosquet que l’aube humecte,
Je suis le bourgeon, duveté
Comme les ailes d’un insecte,

Et lorsque je parle aux rameaux,
A l’oiseau glissant dans l’espace,
Nous nous disons les mêmes mots
Et nous sourions face à face…