Page:Noailles - Les Éblouissements, 1907.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHALEUR DANS UN JARDIN


L’air a le goût de l’oranger,
Le soleil de sa jaune flèche
Transperce au milieu du verger
Une rose couleur de pêche.

Le chaud azur est bleu de lin,
La lumière y luit effrénée
Un tel jour n’a pas de déclin,
C’est midi toute la journée !

Le silence écrase les bois,
Le noir feuillage des pervenches,
On croit l’entendre quelquefois,
C’est comme un bruit d’abeilles blanches.

Et pourtant sous ce ciel si mol
Une immense et claire énergie
Fait que la huppe prend son vol
Et que la rose est élargie !