En vain le beau cèdre s’oppose
À ce torride épanchement,
La chaleur vient bouillir la rose
Qu’il protège d’un bras clément,
Et comme un torrent glisse, écume,
Rebondit du haut d’un cap vert,
La lumière croît, se rallume
En fuyant par l’arbre entr’ouvert.
L’ombre même est du chaud carnage,
Feu compact et dissimulé,
Douce Turque, dont le visage
Est si brûlant, de noir voilé !
Et l’on voit mourir, se réduire,
S’épuiser de force et d’odeur,
Tout le jardin qui semble cuire
Dans l’immense et ronde vapeur.
Il va s’effiler fibre à fibre,
Il ne restera que du bleu,
Air bleu, eau bleue, azur qui vibre,
De tout ce jardin fabuleux…
– Eté, combien je vous adore !
Vous êtes la vie et l’espoir,
Vous mettez les feux de l’aurore
Dans les mains divines du soir ;