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INCENDIE DE L’ÉTÉ


Voir que l’azur s’ébranle, bouge,
Abonde, accourt de toute part
Pour entourer le laurier rouge
D’un innombrable et chaud regard,

Et soudain, dans le cœur candide,
Accueillir les bruissements
De la foule alerte, rapide,
Des sons et des parfums charmants !

– Guêpe qui semble un peu de sève
S’échappant du cœur des cédrats ;
Soleil, pollen, silence, rêve
Bondissement, ruse, embarras

Querelle, ardent enfantillage,
Combat des ailes sur la fleur,
Chaleur du terrain, du grillage,
Du puits, du banc, de la couleur.

Tout le jardin va se dissoudre,
Avec ses cailloux, ses métaux,
Ses pulpes, ses graines, sa poudre,
Son chalet, ses branches, ses eaux,

Avec sa véranda qui brille,
Ses balcons, ses kiosques d’osier,
D’où monte une odeur qui grésille
D’âcre cannelle et de rosier !