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PROMENADE EN ÉTÉ


Ô familier visage, ô douce intimité
D’un matin frais, ombreux, calme, gris, en été !
Je marche sur le sol sec et poudreux ; la brise
Fait danser et tourner la cosse du cytise.
Beauté des verts jardins près desquels nous passons,
Dans les charmants matins des plus belles saisons !
Jardins que l’on ne voit qu’au travers du grillage,
Et qui semblent soudain plus amples qu’un voyage !
– L’herbe est fraîche, effilée, et pleine de bonheur ;
Les rosiers sont sur elle aussi vivants qu’un cœur.
Douceur de ces jardins aperçus, paix légère
Sur les lierres foncés mêlés à la fougère ;
Jardins secrets où tout est heureux ; paradis
Plus près d’onze heures, semble-t-il, que de midi
Tant c’est la matinée et toute sa jeunesse !
Petit jardin silencieux, plein de paresse,
Où l’on ne voit personne, où les chaises ont l’air
De dormir sous un arbre auprès du bassin clair.