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LE FRUITIER DE SEPTEMBRE

Je suis là, j’hésite, j’écoute.
Nul souffle sous la fraîche voûte ;
Nul son, nul souci, nul débat.
Et c’est un couvent frais et bas,
Une obscure et calme cellule
Où l’odeur de l’été pullule
La tiédeur des jardins, des eaux,
Est là, enfermée, au repos.
Paix d’église, candides sommes !
– De naïves poires, des pommes,
Ô voisinage familier !
Mûrissent loin de l’espalier,
Sur des planches, dans l’ombre vide…
Épanchement mielleux, acide,
Parfum stagnant comme un bassin !
Une guêpe fait un dessin
En épuisant sa douce rage
Sur l’étroit carré du vitrage
Loin de toute âme, de tous bruits…
– Ô peuple parfumé des fruits,
Vous que le chaud été compose
De cieux bleus et de terre rose,
Vous qui portez réellement
L’aurore dans un corps charmant,
Vous parfums, vous rayons, vous fleuves
De délices fraîches et neuves,
Vous, sève dense, sucre mol,
Nés des jeux de l’air et du sol,
Vous qui vivez dans une crèche,