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LE CALME DES JARDINS


C’est au printemps, le jour se lève,
L’aube répand sa douce sève,
Les jardins, sans souffle, sans bruits,
Ont encor le calme des nuits.

J’ouvre mes yeux comme des ailes :
Les cerisiers sont des tonnelles,
Il semble qu’on voit voltiger
Leurs fleurs au visage léger.

C’est une moiteur d’arrosage
Sur tout le pâle paysage
Où l’oiseau jette un cri charmant
Qui sort du songe lentement…

La pulpe de la girouée
Et de la tulipe gonflée
Étale sa neuve fraîcheur
Comme une faïence de fleur.