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LE VALLON DE LAMARTINE

L’univers se double dans l’eau,
Que tout est clair, que tout est beau !
– Douce touffe d’herbe amoureuse
Qu’un papillon écarte et creuse,
Sureaux aux parfums framboisés
Par le vent du matin baisés,
Fleur frêle qu’un insecte incline,
Chaude cigale cymbaline
Qui dans la molle ardeur du pré
Fait retentir un chant cuivré !
Les parasols de l’angélique
Protègent du soleil oblique
La scabieuse qui brûlait
Sa houppe de miel violet.
C’est une odeur partout éclose
De sucre, de poivre, de rose,
De pampre, de lin, de gruau…
– Le Vallon, entre ses coteaux
Que parfument de molles menthes,
Comme un vase aux parois charmantes
Contient la liquide douceur
De cent petites sources sœurs.
On entend bruire la course
De ces joyeuses, folles sources !
– Où allez-vous vous dirigeant,
Petites sirènes d’argent,
En quittant les sommets limpides
D’où vos blanches eaux se dévident ?
De quels bonds souples, déliés,