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LA SAVOIE


Enfance au bord d’un lac ! angélique tendresse
D’un azur dilaté, qui sourit, qui caresse,
D’un azur pastoral, d’un héroïque azur
Où l’aigle bleu tournoie, où gonfle un brugnon mûr…
– L’horizon était beau comme une mélodie,
La montagne d’argent brillait, molle, engourdie,
Et glissait dans le lac son torrent de clarté.
C’est là que j’ai connu les bonheurs de l’été ;
Quel échange d’amour, de promesses, de joie
Entre les coteaux verts et les oieux de Savoie,
Harmonieux élans, confiante douceur !
Les alcyons légers semblaient jaillir du cœur
Pour presser le flot tiède où leurs ailes se posent ;
Les clairs jardins étaient des cantiques de roses,
Et le cri des bateaux semblait soudain jeté
Par l’énervement tendre et brûlant de l’été…
Et puis c’étaient les soirs en août, mélancoliques,
Parfum des châtaigniers, des noyers, des colchiques !