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BAYONNE


Sur la calme rivière où le soleil repose
Les bateaux ont ce soir des coques d’argent rose,
Et les flots sont pareils à du liquide blé,
Tant le chaud crépuscule à l’azur emmêlé
Partout descend, reluit, se suspend et rayonne…
Par la porte d’Espagne on entre dans Bayonne ;
Ah ! comme on est soudain paisible, heureux, content,
Il semble que le cœur la désire et l’attend !
Ses toits roses, penchés sur son eau bleue et grise
La font aussi luisante, aussi molle que Pise.
Rien ne peut plus tenter son rêve ambitieux,
Elle a son cloître avec des rosiers au milieu,
Des fenêtres où bombe un noir et fin grillage,
L’aspect d’avoir vécu pendant un très long âge,
Et de garder empreints aux tiédeurs de son sol
Les pieds mystérieux et doux de Doña Sol…
– Bayonne au cœur charmant française orientale,
Ton visage, fardé de vapeur d’or, s’étale