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SOIR D’ÉTÉ DANS LE PARC DE SAINT-CLOUD

Quel rival invisible, effarouché, poltron,
Heurtez-vous dans le soir en baissant votre front ?
Ah ! que je sens glisser de frissons sur ma vie,
Ma douleur du matin m’a donc ici suivie ?
Ne serais-je jamais, dans l’éther ébloui,
Un corps humble et léger que son cœur réjouit ;
Faudra-t-il que toujours les êtres et les choses
M’enivrent de ce vin de piments et de roses ?
Je regarde la nue où le soir indolent
Disperse le parfum du géranium blanc.
L’étendue est un calme, un sensuel visage
Que ne puis-je épuiser sur toi ma tendre rage,
Croissant ! bouche d’argent dans le ciel des étés,
Douce bouche qui rit les deux coins remontés…