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VERSAILLES


Au centre du profond et du secret palais,
Quand parfois en juillet on ouvre les volets,
L’air, chargé des parfums que les brises entraînent,
S’élance, Éros joyeux, dans les chambres des reines,
Et, comme on éveillait la Belle au bois dormant,
Met des baisers d’azur sur ce délaissement…
Alors, ce qui dans l’ombre et dans l’oubli repose
Reprend son clair parfum et sa rondeur de rose,
Tout ce qui fut chargé de soie et de couleurs
Sent revivre sa grâce et ses secrètes fleurs.
– Immense chevelure experte et délicate
L’or, sur la boiserie, afflue, ondule, éclate
La cornemuse, un jet d’églantine, un râteau,
Un beau dauphin gonflé qui fait jaillir de l’eau
Suspendent leur divin dessin à la muraille :
Or plus tendre que l’ambre heureux et que la paille !
Et voici qu’un rayon de soleil vif et doux
Allume brusquement le parquet de miel roux