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IVRESSE AU PRINTEMPS


 
Printemps léger, crispé, charnu,
Encor si tremblant et si nu,
Ô douce saison déchirée
Où par chaque fente sacrée
S’efforce une tiède liqueur,
La pourpre ferveur de mon cœur
Ainsi qu’une grenade éclate !
Du sol doré, couleur de datte,
Tout veut fuir, jaillir, épaissir ;
Ô rameau chargé de désir !
Un oiseau sur son vert refuge
Chante, comme après le déluge…
— Printemps secret, sucré, divin,
Que je boive un limpide vin,
Dans la coupe de la tulipe !
Que dans une argentine pipe
Je brûle l’encens et l’anis !
Ô printemps, culte d’Adonis,