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LA LUMIÈRE DES JOURS


Chaque matin tu bondissais
Du sein de la mer amoureuse ;
C’était ta flèche qui perçait
Vénus au lit de l’onde creuse ;

La nuit, l’Hellade sans sommeil
Souffrait jusqu’à ce que tu viennes,
Et l’on voyait à ton réveil
Rire les îles Ioniennes !

Ô beauté des matins fameux,
Quand, mêlant leur force profonde,
L’azur faisait les marbres bleus
Et le marbre argentait le monde !

Tu rencontrais, royal soleil,
Pour la douce cérémonie
De ton lever vert et vermeil,
L’empressement d’Iphigénie.

Adolescent aux cheveux roux,
Ivre du bonheur que tu donnes,
C’est toi le véritable époux,
Soleil d’Ismène et d’Antigone !

Ah que je puisse, sous les cieux,
Dans l’air où se baignent mes lèvres,
T’élever un temple joyeux
Au flanc des collines de Sèvres !