Page:Noailles - Les Éblouissements, 1907.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA BEAUTÉ DU PRINTEMPS


Ainsi, quand j’aurai dit combien je vous adore,
Combien je vous désire et combien je t’attends,
Ivresse de l’année, ineffable Printemps,
Tu seras plus limpide et plus luisant encore
Que mon rêve volant, éclatant et chantant !

Les délicats sureaux et la pervenche blanche
Me surprendront ainsi que des yeux inconnus,
Les lilas me seront plus vivants et plus nus,
Le rosier plus empli du parfum qu’il épanche,
Et le gazon plus droit, plus lisse et plus ténu ;

La juvénile odeur, aiguë, acide, frêle
Des feuillages naissants, tout en vert taffetas,
Sera plus évidente à mon vif odorat,
Que n’est aux dents le goût de la fraise nouvelle,
Que n’est le poids charmant des bouquets dans les bras.