Page:Noailles - Le Visage émerveillé, 1904.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’imagination. Il mange, il se lève, il se couche, il dort. Il goûte l’eau, l’air, les parfums. Il vit. Quand il y a du soleil, il est plus gai, et quelquefois il s’ennuie, il est contrarié, il s’irrite, il a de la colère.

Il pense encore à moi et puis il ne pensera plus à moi, il pensera à d’autres femmes, il les aimera…

Vivez, mon bien-aimé, que la vie vous entoure, vous baigne, vous caresse, qu’elle brille dans votre âme et sur vos cheveux, qu’elle soit autour de vos mains, sous vos pieds et par-dessus votre tête…

Je pense aux oreilles qui n’entendent plus, à qui on crie leur nom, leur nom, et qui n’entendent plus. Obstination terrible des morts, et ce silence…