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Je revois la supérieure comme elle était, ce soir, assise près de mon lit. Le silence et une contraction terrible défiguraient son visage, je ne l’interroge pas volontiers, mais j’ai dit pourtant :

— Qu’avez-vous ?

Elle a répondu :

— C’est une nouvelle qui m’est arrivée tout à l’heure, le décès d’un ami que je n’avais pas vu depuis dix ans.

Et puis elle a ajouté, avec une voix lente où elle semblait savourer toute sa douleur :

— L’homme que j’ai aimé est mort…

Ma mère, il est mort, l’homme que vous avez aimé est mort.

Le cerveau ne comprend pas encore, ne peut pas enregistrer cela, ce n’est pas