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6 décembre.

J’ai été très malade, j’ai eu le délire, paraît-il, pendant trois semaines. Je suis mieux, mais je suis sans force et toute morte. Cela n’est pas pénible. Je suis là, couchée ; il y a près de moi une assiette avec des oranges et du raisin. De temps en temps une de mes sœurs vient me voir, et fait de la tapisserie près de ma fenêtre.

Quand la mère abbesse entre, elle a un regard qui essaie de rire. Elle prend mon poignet avec autorité, et l’anxiété de son visage déverse sur moi plus de tendresse qu’elle ne voudrait… mais je n’ai plus de force pour écrire.