Page:Noailles - Le Visage émerveillé, 1904.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et le désir, — qui êtes la connaissance, — la connaissance du bien et du mal et leur goût confondu.

Comment resterai-je ?

Désir, ô poésie aimable et sauvage, plus âcre que le buisson et le renard, et pourtant affinée comme l’extrême parfum de la gomme d’Arabie !

Je revis tout le passé voluptueux : naissant vertige, heures délicates et audacieuses, minutes où une plus vive étreinte dévoile enfin le dernier secret physique, qui est l’âme ! Emploi de l’âme et du regard ; âme découverte qui s’effraye, tremble et recule, et peu à peu s’enhardit, triomphe, et chante : « Je suis brûlante, voyez-moi… »

Âme, place de l’être où afflue le sang