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pensionnat de Nîmes. Nous nous empressons autour d’elle. Elle est tout à fait noire. Elle a treize ans ; elle est vêtue d’une robe foncée, d’une petite pèlerine, d’un chapeau de feutre orné de nœuds lilas. Une médaille en argent pend autour de son cou, à un ruban de laine bleu de ciel. Son nom est Bénédicta. Elle parle très doucement le français ; le son de chaque mot est une sorte de supplication lente, d’adjuration. C’est comme si elle parlait à genoux avec la tête levée.

Elle est très douce et elle paraît engourdie ; il semble que notre religion si vive ait paralysé toute sa force. C’est comme si on l’avait battue pour lui enseigner Dieu, et maintenant elle est plus sage que nous toutes. Elle me fait de la peine ; elle