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crayon je les ai recopiées ; elles m’attendrissent, m’émeuvent, comme le visage de la mère abbesse ; — les voilà :

« Elles étaient mes petites cousines, — plus jeunes que moi, — et m’aimaient. Nous jouions ensemble dans ma maison. Déjà résolue à entrer en religion, je leur semblais forte, paisible.

» Elles avaient quinze ans, seize ans, dix-sept ans ; elles m’aimaient.

» Je me souviens de Madeleine, dont l’amitié était semblable à une fleur en prière, et dont le regard fervent me disait avec douceur : « C’est vous, vous, vous ! » Je revois Suzanne, qui avait la tête un peu tirée en arrière par la masse énorme de ses cheveux roux, — et elle marchait toujours seule, mais si pleine, si contente,