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au sol, et ce qui reste encore de vous dans une pièce où vous venez de passer, que j’ai vécu deux ans à vous suivre, à jouer, à rire, à chanter dans les chambres, dans les parloirs, dans les couloirs où l’on avait vu votre robe remuer. Si vous m’aviez donné une de vos larmes à boire, si vous m’aviez invitée dans votre cœur, si vous m’aviez, un jour de chagrin, pressée contre vous de telle sorte que j’eusse été désormais votre petite fille secrète, ma vie serait encore éblouie de pureté, et la porte de votre chambre me troublerait comme si elle était toute en bois de santal, si odorant, que, lorsque j’étais petite, il me faisait m’évanouir…